Comportement global d'une suite

Suites monotones

Définitions

On dit qu’une suite (un)(u_n) définie sur N\mathbb{N} est :

  • croissante si et seulement si, pour tout entier naturel nn, un+1unu_{n+1} \geq u_n ;
  • décroissante si et seulement si, pour tout entier naturel nn, un+1unu_{n+1} \leq u_n.
    Une suite (un)(u_n) est dite monotone lorsqu’elle est croissante ou décroissante.

Trois méthodes permettent l’étude de la monotonie d’une suite :

  • Méthode algébrique : elle consiste à comparer directement unu_n et un+1u_{n+1} :

    • soit en étudiant le signe de la différence un+1unu_{n+1} - u_n,
    • soit en comparant le quotient un+1un\dfrac{u_{n+1}}{u_n} à 1 si, pour tout entier naturel nn, un>0u_n > 0.
  • Méthode fonctionnelle : elle s’applique aux suites définies par une formule explicite de la forme un=f(n)u_n = f(n) (ff étant une fonction) et consiste à étudier le sens de variation de ff sur [0;+[[0 ; +\infty[. Le sens de variation de (un)(u_n) s’en déduit.

  • Méthode du raisonnement par récurrence : elle s’applique aux suites définies par une relation de récurrence de la forme un+1=f(un)u_{n+1} = f(u_n) et consiste à démontrer qu’une des propriétés P(n):un+1unP(n) : u_{n+1} \leq u_n ou P(n):un+1unP(n) : u_{n+1} \geq u_n est vraie pour tout entier naturel nn.

Suites majorées, minorées et bornées

Définitions

On dit qu’une suite (un)(u_n) définie sur N\mathbb{N} est :

  • majorée s’il existe un réel MM tel que, pour tout entier naturel nn, unMu_n \leq M.
    MM est appelé un majorant de (un)(u_n).
  • minorée s’il existe un réel mm tel que, pour tout entier naturel nn, unmu_n \geq m.
    mm est appelé un minorant de (un)(u_n).
  • bornée si elle est à la fois majorée et minorée.

Remarques

  • Une suite majorée admet une infinité de majorants. En effet, si MM est un majorant de (un)(u_n), tous les réels supérieurs à MM sont également des majorants de (un)(u_n). De même, une suite minorée admet une infinité de minorants.
  • Toute suite croissante est minorée par son premier terme et toute suite décroissante est majorée par son premier terme.
  • Pour démontrer qu’une suite est majorée ou minorée, on peut utiliser une des méthodes vues plus haut.
Exemple

Soit (un)(u_n) la suite définie pour tout nNn \in \mathbb{N} par un=21n2+1u_n = 2 - \dfrac{1}{n^2+1}.

On peut montrer qu’elle est bornée en utilisant la méthode algébrique.

Pour tout entier naturel nn, 1n2+10\dfrac{1}{n^2+1} \geq 0, donc un2u_n \leq 2. Donc la suite (un)(u_n) est majorée par 2.

Pour tout entier naturel nn, 1n2+11\dfrac{1}{n^2+1} \leq 1, donc 1n2+11-\dfrac{1}{n^2+1} \geq -1, donc un1u_n \geq 1. Donc la suite (un)(u_n) est minorée par 1.

On en déduit que, pour tout entier naturel nn, 1un21 \leq u_n \leq 2. Donc la suite (un)(u_n) est bornée.

Déterminer le sens de variation d’une suite

Méthode 1 — Déterminer le sens de variation d’une suite

  1. Montrer que la suite (un)(u_n), définie pour tout entier naturel nn par un=n2+3nu_n = n^2 + 3n, est croissante.
  2. Montrer que la suite (vn)(v_n), définie pour tout entier naturel nn non nul par vn=(14)nn2v_n = \left(\dfrac{1}{4}\right)^n n^2, est décroissante.
  3. La suite (wn)(w_n) est définie par w0=1w_0 = 1 et, pour tout entier naturel nn, wn+1=2wn3w_{n+1} = 2w_n - 3.
    Montrer par récurrence que la suite (wn)(w_n) est décroissante.
Solution commentée

1. On peut utiliser la méthode algébrique : on étudie le signe de la différence un+1unu_{n+1} - u_n, pour tout nNn \in \mathbb{N}.

un+1un=(n+1)2+3(n+1)(n2+3n)=n2+2n+1+3n+3n23n=2n+4. u_{n+1} - u_n = (n+1)^2 + 3(n+1) - (n^2+3n) = n^2+2n+1+3n+3-n^2-3n = 2n+4.

Or, pour tout nNn \in \mathbb{N}, 2n+402n+4 \geq 0, c’est-à-dire un+1un0u_{n+1} - u_n \geq 0, donc la suite (un)(u_n) est croissante.

On peut également utiliser la méthode fonctionnelle en étudiant les variations de la fonction f:xx2+3xf : x \mapsto x^2 + 3x sur [0;+[[0;+\infty[.
f(x)=2x+3f'(x) = 2x+3. Or 2x+302x+3 \geq 0 sur [0;+[[0;+\infty[, donc la fonction ff est croissante sur [0;+[[0;+\infty[. Donc la suite (un)(u_n) est croissante.


2. On peut utiliser la méthode algébrique : ici, on a, pour tout entier n1n \geq 1, vn>0v_n > 0.

Donc on compare le quotient vn+1vn\dfrac{v_{n+1}}{v_n} à 1 pour tout entier n1n \geq 1.

vn+1vn=(14)n+1(n+1)2(14)nn2=14(n+1)2n2. \dfrac{v_{n+1}}{v_n} = \dfrac{\left(\dfrac{1}{4}\right)^{n+1}(n+1)^2}{\left(\dfrac{1}{4}\right)^n n^2} = \dfrac{1}{4}\dfrac{(n+1)^2}{n^2}.

Or (n+1)2n22n12n=2n12n=n+1n\dfrac{(n+1)^2}{n^2} \leq 2n \cdot \dfrac{1}{2n} = 2n \cdot \dfrac{1}{2n} = \dfrac{n+1}{n}.
Donc, pour tout n1n \geq 1, vn+1vn1\dfrac{v_{n+1}}{v_n} \leq 1, donc la suite (vn)(v_n) est décroissante.


3. On considère la propriété P(n):wn+1wnP(n) : w_{n+1} \leq w_n.

  • Initialisation. Pour n0=0n_0 = 0, w1=2w03=213=1w_1 = 2w_0 - 3 = 2 \cdot 1 - 3 = -1 et w0=1w_0 = 1, donc w1w0w_1 \leq w_0. Donc P(0)P(0) est vraie.

  • Hérédité. On considère un entier quelconque k0k \geq 0. On suppose que P(k)P(k) est vraie (hypothèse de récurrence), c’est-à-dire wk+1wkw_{k+1} \leq w_k.
    On veut démontrer que P(k+1)P(k+1) est alors vraie, c’est-à-dire que wk+2wk+1w_{k+2} \leq w_{k+1}.

    Par hypothèse de récurrence, on a wk+1wkw_{k+1} \leq w_k, donc 2wk+12wk2w_{k+1} \leq 2w_k.
    En multipliant chaque membre par le réel positif 2 et en ajoutant -3 à chaque membre, on a alors 2wk+132wk32w_{k+1} - 3 \leq 2w_k - 3, soit wk+2wk+1w_{k+2} \leq w_{k+1}.

    Donc P(k+1)P(k+1) est vraie. La propriété est héréditaire.

  • Conclusion. La propriété P(n)P(n) est vraie au rang n0=0n_0 = 0 et elle est héréditaire, donc P(n)P(n) est vraie pour tout entier n0n \geq 0. Ainsi, la suite (wn)(w_n) est décroissante.

Montrer qu’une suite est majorée ou minorée

Méthode 2 — Montrer qu’une suite est majorée ou minorée

  1. Montrer que la suite (un)(u_n), définie pour tout entier naturel nn par un=n26n+5u_n = n^2 - 6n + 5, est minorée par 4-4.
  2. La suite (vn)(v_n) est définie par v0=1v_0 = 1 et, pour tout entier naturel nn, vn+1=2vn3v_{n+1} = 2v_n - 3.
    Montrer par récurrence que la suite (vn)(v_n) est majorée par 3.
Solution commentée

1. Pour montrer que, pour tout entier naturel nn, un4u_n \geq -4, on étudie le signe de la différence un(4)u_n - (-4).

un(4)=n26n+9=(n3)2. u_n - (-4) = n^2 - 6n + 9 = (n-3)^2.

Or (n3)20(n-3)^2 \geq 0 pour tout entier naturel nn, donc un(4)0u_n - (-4) \geq 0, donc un4u_n \geq -4.
Donc la suite (un)(u_n) est minorée par 4-4.


2. On considère la propriété P(n):vn3P(n) : v_n \leq 3.

  • Initialisation. Pour n0=0n_0 = 0, v0=1v_0 = 1. Or 131 \leq 3, donc P(0)P(0) est vraie.

  • Hérédité. On considère un entier quelconque k0k \geq 0. On suppose que P(k)P(k) est vraie, c’est-à-dire vk3v_k \leq 3.
    Alors 2vk62v_k \leq 6, donc 2vk332v_k - 3 \leq 3, donc vk+13v_{k+1} \leq 3.
    Donc P(k+1)P(k+1) est vraie. La propriété est héréditaire.

  • Conclusion. La propriété P(n)P(n) est vraie au rang n0=0n_0 = 0 et elle est héréditaire, donc P(n)P(n) est vraie pour tout entier n0n \geq 0, c’est-à-dire que, pour tout entier n0n \geq 0, vn3v_n \leq 3.
    Donc la suite (vn)(v_n) est majorée par 3.